Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/283

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leurs élèves de ce que chaque progrès des sciences peut leur offrir de curieux ou d’utile, et en même temps on maintient la liberté de l’enseignement, on empêche la puissance publique de le diriger par des vues particulières, puisque nécessairement ces vues seraient alors contrariées par des maîtres plus éclairés, et ayant sur les esprits une autorité plus grande que celle même des dépositaires du pouvoir. Cette séparation de l’instruction en deux parties, cette différence dans la manière de choisir les livres destinés à l’enseignement, sont le seul moyen de concilier l’influence sur l’instruction, qui est à la fois, pour la puissance publique, un droit et un devoir, avec le devoir non moins réel de respecter l’indépendance des esprits ; c’est le seul moyen de lui conserver une activité utile, sans nuire à la liberté des opinions ; elle pourra servir les progrès de la raison sans risquer de l’égarer, et ne sera pas exposée à retarder la marche de l’esprit humain en ne voulant que la régler ou l’accélérer.

Utilité de faire élever un certain nombre d’enfants aux dépens du public.

La puissance publique n’aurait pas rempli le devoir de maintenir l’égalité et de mettre à profit tous les talents naturels, si elle abandonnait à eux-mêmes les enfants des familles pauvres qui en auraient montré le germe dans leurs premières études. Il faut donc, dans chacune des villes où se trouvent les établissements du second degré, une ou plutôt