Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/401

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tage de l’instruction, ces cabinets joindront celui de délivrer du charlatanisme des prétendus découvreurs de secrets, des intrigues de leurs protecteurs, des dépenses inutiles où ils engageraient une nation qui voudrait les récompenser, des entraves qu’ils mettraient à l’industrie de celle dont l’ignorance leur accorderait des privilèges. On ne pourrait alors avoir à récompenser que les véritables inventeurs, et le nombre en serait bien petit. Ces dépôts mettraient aussi à l’abri des ruses trop communes dans le commerce, parce qu’on y apprendrait très aisément à reconnaître les denrées premières dans leur état de pureté, les préparations plus ou moins parfaites de ces denrées, la nature des différents tissus, etc. Un professeur montrerait ce cabinet les jours consacres au repos, répondrait aux questions, résoudrait les difficultés. Les objets y seraient rangés non suivant un ordre scientifique, mais d’après la division commune des métiers, afin que chacun trouvât aisément les objets qui peuvent l’intéresser le plus. On sent qu’il ne faudrait pas beaucoup d’efforts pour déterminer un ouvrier qui achète vingt fois par an la même préparation, à venir s’assurer par ses yeux des moyens d’en reconnaître la bonté, de n’être trompé ni sur la qualité, ni sur le prix. En se bornant aux choses utiles, on ne doit craindre ni la dépense, ni la trop grande étendue de ces dépôts ; et si on se trompait en négligeant des objets vraiment utiles, comme les cabinets qui seraient établis dans la capitale, ou dans les très grandes villes, devraient renfermer même ce qui semblerait ne pouvoir être