Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/435

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vue que ces classes doivent être formées, en ayant soin de réunir entre elles les parties des sciences qui sont cultivées à la fois par les mêmes hommes. Si on cherchait à former des divisions purement philosophiques, on s’écarterait souvent du but qu’on veut atteindre, à moins que l’on ne prit pour base, non la différence des objets, mais celle des méthodes ; non la nature même de la science, mais celle des qualités qu’elle exige de ceux qui s’y livrent.

C’est principalement d’après les méthodes de chercher les vérités qu’on doit observer et juger la marche des sciences ; mais chaque méthode n’a qu’une certaine étendue : elle s’épuise comme le filon d’une mine précieuse, et finit par ne donner que de loin en loin quelques vérités. Les moyens propres à chaque science n’ont aussi qu’un certain degré d’activité, d’étendue, de précision. L’astronomie doit languir après une période de succès, si l’art de diviser les instruments et de construire des lunettes ne fait pas de progrès. Toutes les questions que certaines méthodes peuvent résoudre dans l’analyse sans employer des calculs trop longs, trop fatigants, sont résolues les premières. La complication des calculs qu’exigeraient de nouvelles questions oblige de s’arrêter jusqu’au moment où d’autres méthodes ouvriront une route plus facile. Les détails de l’anatomie humaine, quant à la partie descriptive, doivent s’épuiser. Il arrivera un moment où les animaux, les plantes, les minéraux seront connus sur une grande partie du globe, et où les nouveaux objets qui en compléteraient le système ne présente-