Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/431

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tifs de ce refus à deviner quel est le vœu commun. Supposons maintenant que vingt-deux mille Assemblées aient refusé, par des motifs différents ou contradictoires, qui répondra que sur dix-huit mille qui avaient accepté, celles qui adopterons les changements conformes au vœu de douze, de quinze mille de celles qui avaient refusé d’abord, seront en assez grand nombre, pour qu’il en résulte une décision. On pourra donc se voir obligé de consulter de nouveau ; et qui fait ce que cette méthode peut consommer de temps et produire de troubles.

Consultera-on sur des articles séparé ? Alors les articles qui seront adoptés par la pluralité formeront une Constitution incomplète, et il faudra la compléter en changeant successivement les autres articles, jusqu’à ce qu’on soit parvenu à un résultat suffisant. Or, il n’est personne qui ne sente qu’une telle Constitution manquera nécessairement d’ensemble. Quoique adoptée en détail par la pluralité, elle sera peut-être fort éloignée d’en exprimer le véritable vœu.

Il est difficile de connaître même celui d’une Assemblée de cent personnes sur un objet un peu compliqué. J’en ai développé les raisons dans un autre ouvrage, (Voyez l’essai sur la Constitution et les fonctions des Assemblées Provinciales, chez Froullé, quai des Augustins). Mais la discussion commune, les explications qu’elle entraîne, la promptitude, la facilité des communications, font qu’on parvient à un résultat qui, s’il n’exprime point ce vœu, peut du moins en approcher. Ici les Assemblées sont séparées et la difficulté d’obtenir un vœu devient presque insurmontable.