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sur l’esclavage des Negres

Enfin, on formeroit un tarif, fixant le prix moyen de la valeur d’un Negre, ſuivant les differens âges, pour les differentes époques d’engagement ; & tout Negre qui offriroit, ou pour qui on offriroit à ſon maître la ſomme fixée par le tarif, ſeroit libre du moment où l’offre ſeroit dépoſée chez un officier public. Cet article auroit ſur-tout l’avantage de délivrer les Negreſſes de tout ce que la débauche & la férocité de leurs maîtres les expoſent à ſouffrir. L’humanité ou même l’incontinence les auroient bientôt délivrées ; car ce ne ſeroit point pour les faire changer d’eſclavage, mais ſeulement pour les affranchir, qu’il ſeroit permis de les racheter. Si, après avoir eu connoiſſance du dépôt fait chez l’officier public, un homme détenoit l’eſclave contre ſa volonté ; s’il retenoit un eſclave au-deſſus du terme que la loi a fixé à l’eſclavage, alors, & dans tous les cas ſemblables, le maître ſe ſeroit rendu coupable du crime de retenir un homme libre dans l’eſclavage, & devroit être puni comme pour un vol.

Cette légiſlation n’auroit aucun des inconvéniens qu’on ſuppoſe toujours aux change-