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sur l’esclavage des Negres

brut ſe fait dans l’état de liberté, en vertu d’une convention libre, & dans l’eſclavage, au gré de l’avarice du maître ; que dans l’état de liberté, c’eſt la concurrence réciproque des travailleurs & des propriétaires qui fixe le prix des ſalaires, & non le calcul que fait l’avidité, de l’état de détreſſe où l’on peut reduire un homme, ſans diminuer en plus grande proportion la quantité de travail qu’on peut obtenir de lui à coups de fouet. Mais il ne faut pas ſ’imaginer que la difference de prix entre les deux cultures ſoit auſſi grande qu’on le croiroit d’abord.

1er. Les terres abandonnées aux Negres pour leur nourriture ſont mal cultivées, & elles le ſeroient mieux, ſi elles leur étoient affermées comme à des colons libres.

2e. La maniere d’exploiter les terres changeroit à l’avantage du propriétaire, il ne ſeroit plus obligé de faire valoir par lui-même. Les dépenſes de la fabrique du ſucre, les embarras de la vente, les avaries ne ſeroient plus ſupportés directement par lui, mais par des fermiers, des manufacturiers, des commerçans, pour qui les dépenſes de ce genre ſont toujours bien moins conſidérables, &