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sur l’esclavage des Negres

d’une foible reſſource à de malheureux eſclaves, livrés en Amérique à des régiſſeurs.

    du plan le plus vaſte, le mieux combiné qu’aucun légiſlateur n’ait jamais conçu pour le bonheur d’une grande nation. Les moyens de l’exécution auroient été ſimples, & cette heureuse révolution ſe ſeroit exécutée en peu d’années, ſans exposer la tranquillité publique, ſans qu’il en coutât rien à la juſtice.

    Tout ce que la fourberie peut inventer de petites ruſes, fut employé par les ennemis du bien public, pour exciter contre lui des orages ; ils réuſſirent au-delà de leurs eſpérances, & ces orages ne ſervirent qu’à faire admirer davantage les talens, le courage & les vertus du grand homme dont ils craignoient les lumieres & l’incorruptible équité.

    Il eſt le ſeul de tous les hommes d’état qui n’ait eu d’autre regle de politique que la juſtice, d’autre art que de préſenter la vérité avec clarté & avec force, d’autre intérêt que celui de la patrie, d’autre paſſion que l’amour du bien public. S’il abhorroit cette politique infâme qui trompe une nation, pour augmenter la richeſſe ou la puiſſance du prince, la politique inſidieuse qui tromperoit le prince pour augmenter la liberté du peuple, étoit indigne de ſon caractere. Toute charlatanerie lui paroiſſoit une fourberie, moins coupable peut-être