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chercha des institutions propres à exalter, à nourrir l’amour de la patrie, qui renfermoit celui de sa législation, ou même de ses usages, et une organisation de pouvoirs, qui garantît l’exécution des lois contre la négligence ou la corruption des magistrats, le crédit des citoyens puissans, et les mouvemens inquiets de la multitude.

Les riches, qui seuls étoient alors à portée d’acquérir des lumières, pouvoient, en s’emparant de l’autorité, opprimer les pauvres, et les forcer à se jeter dans les bras d’un tyran. L’ignorance, la légèreté du peuple, sa jalousie contre les citoyens puissans, pouvoient donner à ceux-ci le désir et les moyens d’établir le despotisme aristocratique, ou livrer l’état affoibli à l’ambition de ses voisins. Forcés de se préserver à la fois de ces deux écueils, les législateurs grecs eurent recours à des combinaisons plus ou moins heureuses, mais portant presque toujours l’empreinte de cette finesse, de cette sagacité, qui dès-lors caractérisoit l’esprit général de la nation.

On trouveroit à peine dans les républiques