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d’après une de ces idées vagues d’ordre et de convenance, si communes alors dans la philosophie ; mais il le vérifia, en l’appliquant à la nomenclature des mots qui, dans la langue grecque, exprimoient ce qu’on y appeloit des vertus.

Vers le même temps, deux sectes nouvelles, appuyant la morale sur des principes opposés, du moins en apparence, partagèrent les esprits, étendirent leur influence bien au-delà des bornes de leurs écoles, et hâtèrent la chute de la superstition grecque, que malheureusement une superstition plus sombre, plus dangereuse, plus ennemie des lumières, devoit bientôt remplacer.

Les Stoïciens firent consister la vertu et le bonheur, dans la possession d’une ame également insensible à la volupté et à la douleur, affranchie de toutes les passions, supérieure à toutes les craintes, à toutes les foiblesses, ne connoissant de véritable bien que la vertu, de mal réel que les remords. Ils croyoient que l’homme a le pouvoir de s’élever à cette hauteur, s’il en a une volonté forte et constante ; et qu’alors, in-