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citoyen ou sujet de l’empire ; et les prêtres décidoient à quelles lois humaines leur dieu permettoit d’obéir.

Ces religions devoient blesser l’orgueil des maîtres du monde. Celle des Gaulois étoit trop puissante, pour qu’ils ne se hâtassent point de la détruire. La nation juive fut même dispersée : mais la vigilance du gouvernement, ou dédaigna, ou ne put atteindre les sectes obscures, qui se formèrent en secret du débris de ces cultes antiques.

Un des bienfaits de la propagation de la philosophie grecque avoit été de détruire la croyance des divinités populaires, dans toutes les classes, où l’on recevoit une instruction un peu étendue. Un théisme vague, ou le pur mécanisme d’Épicure, étoit, même dès le temps de Cicéron, la doctrine commune de quiconque avoit cultivé son esprit, de tous ceux qui dirigeoient les affaires publiques. Cette classe d’hommes s’attacha nécessairement à l’ancienne religion, mais en cherchant à l’épurer ; parce que la multiplicité de ces dieux de tout