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auxquelles les membres d’une même société sont convenus de soumettre leur conduite.

On sentit donc le besoin de l’écriture, et elle fut inventée. Il paroît qu’elle étoit d’abord une véritable peinture, à laquelle succéda une peinture de convention, qui ne conserva que les traits caractéristiques des objets. Ensuite, par une espèce de métaphore analogue à celle qui déjà s’étoit introduite dans le langage, l’image d’un objet physique exprima des idées morales. L’origine de ces signes, comme celle des mots, dut s’oublier à la longue ; et l’écriture devint l’art d’attacher un signe conventionnel à chaque idée, à chaque mot, et par la suite, à chaque modification des idées et des mots.

Alors, on eut une langue écrite et une langue parlée, qu’il falloit également apprendre, entre lesquelles il falloit établir une correspondance réciproque.

Des hommes de génie, des bienfaiteurs éternels de l’humanité, dont le nom, dont la patrie même sont pour jamais ensevelis