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l’esclavage, tantôt enfin, recevant des lumières d’un peuple plus éclairé, pour les transmettre à d’autres nations, forment une chaîne non interrompue entre le commencement des temps historiques et le siècle où nous vivons, entre les premières nations qui nous soient connues, et les peuples actuels de l’Europe.

On peut donc appercevoir déjà trois parties bien distinctes dans le tableau que je me suis proposé de tracer.

Dans la première, où les récits des voyageurs nous montrent l’état de l’espèce humaine chez les peuples les moins civilisés, nous sommes réduits à deviner par quels degrés l’homme isolé, ou plutôt borné à l’association nécessaire pour se reproduire, a pu acquérir ces premiers perfectionnemens dont le dernier terme est l’usage d’un langage articulé ; nuance la plus marquée, et même la seule qui, avec quelques idées morales plus étendues, et un foible commencement d’ordre social, le fait alors différer des animaux vivant comme lui en société régulière et durable. Ainsi nous ne pouvons avoir ici