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l’espèce humaine, eût fini, comme dans l’Orient, par mettre un terme à ceux des sciences elles-mêmes.

Il n’y avoit eu long-temps d’instruction que dans les églises et dans les cloîtres.

Les universités furent encore dominées par les prêtres. Forcés d’abandonner au gouvernement, une partie de leur influence, ils se la réservèrent tout entière sur l’instruction générale et première ; sur celle qui renferme les lumières nécessaires à toutes les professions communes, à toutes les classes d’hommes, et qui s’emparant de l’enfance et de la jeunesse, en modèle à son gré l’intelligence flexible, l’ame incertaine et facile. Ils laissèrent seulement à la puissance séculière le droit de diriger l’étude de la jurisprudence, de la médecine, l’instruction approfondie des sciences, de la littérature, des langues savantes ; écoles moins nombreuses, où l’on n’envoyoit que des hommes déjà façonnés au joug sacerdotal.

Les prêtres perdirent cette influence dans