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ces principes passant peu-à-peu des ouvrages des philosophes dans toutes les classes de la société, où l’instruction s’étendoit plus loin que le catéchisme et l’écriture, devinrent la profession commune, le symbole de tous ceux qui n’étoient ni machiavélistes ni imbécilles. Dans quelques pays ces principes formoient une opinion publique assez générale, pour que la masse même du peuple parût prête à se laisser diriger par elle et à lui obéir. Le sentiment de l’humanité, c’est-à-dire, celui d’une compassion tendre, active pour tous les maux qui affligent l’espèce humaine, d’une horreur pour tout ce qui, dans les institutions publiques, dans les actes du gouvernement, dans les actions privées, ajoutoit des douleurs nouvelles aux douleurs inévitables de la nature ; ce sentiment d’humanité étoit une conséquence naturelle de ces principes ; il respiroit dans tous les écrits, dans tous les discours, et déjà son heureuse influence s’étoit manifestée dans les lois, dans les institutions publiques même des peuples soumis au despotisme.

Les philosophes des diverses nations em-