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Américains eût répandu, plus qu’ailleurs, leurs écrits et leurs principes ; qui fût à la fois le pays le plus éclairé et un des moins libres ; celui où les philosophes avoient le plus de véritables lumières, et le gouvernement, une ignorance plus insolente et plus profonde ; un peuple où les lois fussent assez au-dessous de l’esprit public, pour qu’aucun orgueil national, aucun préjugé, ne l’attachât à ses institutions antiques ; ce peuple n’étoit-il point destiné, par la nature même des choses, à donner le premier mouvement à cette révolution, que les amis de l’humanité attendoient avec tant d’espoir et d’impatience ? Elle devoit donc commencer par la France.

La maladresse de son gouvernement a précipité cette révolution ; la philosophie en a dirigé les principes ; la force populaire a détruit les obstacles qui pouvoient arrêter les mouvemens.

Elle a été plus entière que celle de l’Amérique, et par conséquent moins paisible dans l’intérieur, parce que les Américains, contens des lois civiles et criminelles