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duites par des causes purement locales : plusieurs de ces espèces se rapprochent par un nombre plus ou moins grand de qualités communes qui servent à établir des divisions successives et de plus en plus étendues. Les naturalistes ont appris à classer méthodiquement les individus d’après des caractères déterminés, faciles à saisir, seul moyen de se reconnoître au milieu de cette innombrable multitude d’êtres divers. Ces méthodes sont une espèce de langue réelle, où chaque objet est désigné par quelques-unes de ses qualités les plus constantes, et au moyen de laquelle, en connoissant ces qualités, on peut retrouver le nom que porte un objet dans la langue de convention. Ces mêmes langues lorsqu’elles sont bien faites, apprennent encore quelles sont pour chaque classe d’êtres naturels, les qualités vraiment essentielles, dont la réunion emporte une ressemblance plus ou moins entière dans le reste de leurs propriétés.

Si l’on a vu quelquefois cet orgueil qui grossit aux yeux des hommes les objets d’une étude exclusive et de connoissances péniblement acquises, attacher à ces métho-