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elles ont connues, de quelles erreurs elles ont été détrompées, quelles habitudes vertueuses elles ont contractées, quel développement nouveau de leurs facultés a établi une proportion plus heureuse entre ces facultés et leurs besoins ; et, sous un point de vue opposé, de quels préjugés elles ont été les esclaves, quelles superstitions religieuses ou politiques s’y sont introduites, par quels vices l’ignorance ou le despotisme les ont corrompues, à quelles misères la violence ou leur propre dégradation les ont soumises.

Jusqu’ici, l’histoire politique, comme celle de la philosophie et des sciences, n’a été que l’histoire de quelques hommes ; ce qui forme véritablement l’espèce humaine, la masse des familles qui subsistent presque en entier de leur travail, a été oubliée ; et même dans la classe de ceux qui, livrés à des professions publiques, agissent, non pour eux-mêmes, mais pour la société ; dont l’occupation est d’instruire, de gouverner, de défendre, de soulager les autres hommes ; les chefs seuls ont fixé les regards des historiens.