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mutuels ayant rapproché tous les hommes, les nations les plus puissantes auront placé l’égalité entre les sociétés comme entre les individus, et le respect pour l’indépendance des états foibles, comme l’humanité pour l’ignorance et la misère, au rang de leurs principes politiques ; quand à des maximes qui tendent à comprimer le ressort des facultés humaines, auront succédé celles qui en favorisent l’action et l’énergie, seroit-il alors permis de redouter encore qu’il reste sur le globe des espaces inaccessibles à la lumière, ou que l’orgueil du despotisme puisse opposer à la vérité des barrières long-temps insurmontables ?

Il arrivera donc, ce moment où le soleil n’éclairera plus, sur la terre, que des hommes libres, ne reconnoissant d’autre maître que leur raison ; où les tyrans et les esclaves, les prêtres et leurs stupides ou hypocrites instrumens n’existeront plus que dans l’histoire et sur les théâtres ; où l’on ne s’en occupera plus que pour plaindre leurs victimes et leurs dupes, pour s’entretenir, par l’horreur de leurs excès, dans une utile vigilance ; pour savoir reconnoître