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avec exactitude, l’étendue des droits individuels de l’homme, et de ceux que l’état social donne à tous à l’égard de chacun. A-t-on même jusqu’ici, avec quelque précision, posé les limites de ces droits, soit entre les diverses sociétés, soit de ces sociétés sur leurs membres, dans les troubles qui divisent chacune d’elles ; soit enfin ceux des individus, des réunions spontanées, dans le cas d’une formation libre et primitive ; ou d’une séparation devenue nécessaire ?

Si on passe maintenant à la théorie qui doit diriger l’application de ces principes, et servir de base à l’art social, ne voit-on pas la nécessité d’atteindre à une précision, dont ces vérités premières ne peuvent être susceptibles dans leur généralité absolue ? Sommes-nous parvenus au point de donner pour base à toutes les dispositions des lois, ou la justice, ou une utilité prouvée et reconnue, et non les vues vagues, incertaines, arbitraires, de prétendus avantages politiques ? Avons-nous fixé des règles précises pour choisir, avec assurance, entre le nombre presque infini des combinaisons possibles, où les principes généraux de l’égalité et des