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propres sentimens, de juger ses premières idées, et de choisir entre elles.

L’observation a dû faire remarquer que certaines plantes offroient aux troupeaux une subsistance meilleure ou plus abondante : on a senti l’utilité d’en favoriser la production, de les séparer des autres plantes qui ne donnoient qu’une nourriture foible, malsaine, même dangereuse ; et l’on est parvenu à en trouver les moyens.

De même, dans les pays où des plantes, des graines, des fruits spontanément offerts par le sol, contribuoient, avec les produits des troupeaux, à la nourriture de l’homme, on a dû observer aussi comment ces végétaux se multiplioient ; et, dès-lors, chercher à les rassembler dans les terrains les plus voisins des habitations ; à les séparer des végétaux inutiles, pour que ce terrain leur appartînt tout entier ; à les mettre à l’abri, des animaux sauvages, et des troupeaux, et même de la rapacité des autres hommes.

Ces idées ont dû naître encore, et même plutôt, dans les pays plus féconds, où ces