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bleau, paroît une femme qui tourne le dos, et qui tient entre ses bras un petit enfant. Elle a un genou à terre, sa robe est jaune et son manteau bleu. Elle fait signe de la main à un jeune homme qui tient une corbeille pleine de manne d’en porter à ce vieillard dont je viens de parler.

Près de cette femme il y a deux garçons, dont le plus grand repousse le plus jeune, afin d’amasser lui seul la manne qu’il voit répandue à terre ; et un peu devant elle, on voit quatre figures. Les deux plus proches représentent un homme et une femme qui recueillent de la manne ; et des deux autres l’une est un homme qui en porte à sa bouche, et l’autre une fille vêtue d’une robe de couleur mêlée de bleu et de jaune qui regarde en haut, et qui tient le devant de sa robe pour recevoir la manne qui tombe du ciel.

Proche le jeune garçon qui porte une corbeille, il y a un homme à genoux qui joint les mains et lève les yeux au ciel.

Les deux parties de ce tableau, qui sont à droite et à gauche, forment deux groupes de figures qui laissent le milieu ouvert et libre à la vue pour découvrir plus avant Moïse et Aaron. La robe du premier est d’une étoffe bleue, et son manteau est rouge. Pour le dernier, il est tout vêtu de blanc. Ils sont accompagnés des anciens du peuple qui sont disposés en plusieurs attitudes différentes.

Sur les montagnes et sur les collines qui sont dans le lointain, on voit des tentes, des feux allumés et une infinité de gens épars de côté et d’autre, ce qui représente bien un campement.

Le ciel est couvert de nuées fort épaisses en quelques endroits, et la lumière qui se répand sur les figures paroît une lumière du matin qui n’est pas fort claire, parce que l’air est rempli de vapeurs, et même d’un côté il est plus obscur par la chute de la manne.

M. le Brun dit qu’on devoit considérer dans ce tableau la composition du lieu, et regarder comment elle forme parfaitement bien l’image d’un désert affreux, et d’une terre inculte.

Que le peintre ayant à représenter le peuple juif dans un pays dépourvu de toutes choses et dans une extrême nécessité,