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Quant au jeune homme qui lui parle, il remarqua qu’il tient beaucoup de la proportion du Lantin qui est au Belvédère, et fit voir dans les contours des membres une chair solide qui témoigne la force et la vigueur de la jeunesse.

Ces jeunes garçons qui se battent sont de deux proportions différentes. Le plus jeune semble pris sur le modèle de l’aîné des enfants de Laocoon ; et pour bien figurer un âge encore tendre et peu avancé, le peintre a fait que toutes les parties en sont délicates et peu formées. Mais l’autre qui paroît plus âgé et plus vigoureux tient de cette forte composition de membres qu’on voit dans un des Lutteurs qui sont au palais de Médicis.

La jeune femme qui montre le dos a quelque ressemblance de la Diane d’Éphèse qui est au Louvre ; car, bien que cette jeune femme soit plus couverte d’habits, on ne laisse pas de connoître au travers de ses draperies la beauté et l’élégance de tous ses membres, dont les contours délicats et gracieux forment cette taille si agréable et si aisée que les Italiens nomment Suelta.

L’on voit que le peintre a eu dessein de faire dans ce dernier groupe une opposition de proportions avec le premier dont j’ai parlé, afin qu’il y eût un contraste entre eux, et qu’ils parussent différents par les âges et par la délicatesse qui se rencontre dans toutes ces figures aussi bien que par leurs actions. Car dans ce jeune homme qui porte une corbeille, on y voit une beauté délicate qui ne peut avoir pour modèle que cette admirable figure de l’Apollon antique, les contours de ses membres ayant quelque chose encore de bien plus gracieux que ceux du garçon qui parle à ce vieillard, qu’on voit bien n’être pas d’une naissance si relevée.

Cette jeune fille qui tend sa robe a la taille et la proportion de la Vénus de Médicis ; et cet homme qui est à genoux semble avoir été imité sur l’Hercule Commode.

Après que M. le Brun eut fait remarquer ces merveilleuses proportions, et comment le peintre les a si bien suivies sans qu’il y paroisse rien de copié, ni qui soit tout à fait semblable aux originaux ; il passa à la troisième partie de son discours et parla des expressions.

Il montra d’abord que M. Poussin a rendu toutes ses