Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/108

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conférences, on ne laissa pas, en parlant de l’étroite obligation du peintre, de vouloir faire passer cette partie de la couleur comme la principale de la peinture, avouant néanmoins que le peintre doit s’étudier à bien dessiner, ce qui demande la vie d’un homme ; mais l’on s’attacha particulièrement à rapporter tout ce qu’en ont écrit les auteurs qui ont plus estimé la couleur, s’efforçant par ce moyen d’insinuer dans les esprits que ce doit être la plus importante occupation du peintre. L’on disait au contraire que, la pratique du dessin étant le plus difficile à acquérir, il fallait s’y étudier avec plus de soin, que la couleur a un charme dangereux et qu’elle ne peut rien représenter sans le dessin, qu’il arrive à la plupart de ceux qui s’adonnent trop à la couleur de se départir du dessin et même de la vérité du naturel par trop d’affectation et par l’extrême exagération de la couleur.

Et l’on voit encore aujourd’hui couler comme d’une même source certains écrits, sous le titre de conversations, qui tendent à persuader que le partage du peintre est la couleur, et que les proportions et le dessin sont des propriétés singulières à la sculpture, ce qui, à mon avis, est une chose étonnante de vouloir séparer ce qui naturellement est conjoint, et de restreindre à une seule partie ce qui a un droit souverain sur l’universalité.