Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/118

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infectés de sa manière triviale et maniérée. Enfin le coloris a été longtemps ignoré que dis-je ? on en faisait peu d’état. Les brillants ouvrages de l’École de Venise auraient bien du détruire ce préjugé invétéré et inconcevable. Car enfin est-il rien de plus bizarre que cette idée de la peinture sans couleur ? et peut-on appeler peintres ces anciens Italiens et Français, dont la couleur parait moins avoir pour but d’imiter celle de la nature que d’en rappeler tout au plus un léger souvenir, et dont les tableaux, si l’on ose le dire, ne sont guère au-dessus des simples camaïeux ?

On alléguerait en vain, pour donner la préférence au dessin, que la couleur ne peut subsister sans lui, et qu’étant le fondement de la peinture, il est plus noble que ce qu’il soutient. C’est comme si l’on disait, en voyant un beau morceau d’architecture, que ce qu’on en doit le plus admirer, ce sont les fondations, Il faut pourtant convenir qu’on est bien revenu de ce préjugé. L’École Française a reconnu le prix du coloris ; elle s’y est distinguée depuis près d’un siècle, et s’y distingue encore de nos jours avec gloire et sans préjudice du dessin, dans la ferme persuasion que ce sont deux parties très essentielles l’une et l’autre, et à peu près d’une égale nécessité.

Ainsi, après avoir osé produire mes idées sur le dessin, je crois pouvoir hasarder quelques re-