Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/127

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tableaux dans cette partie, et l’on n’ignore pas que la répétition est mère de l’ennui. Ce n’est donc pas assez de posséder cet art, il faut encore avoir celui de le cacher. Outre les reflets au moyen desquels ou peut faire voir les objets comme éclairés, quoique d’un ton plus sourd, on peut faire glisser dans les masses d’ombre des communications de lumière qui céderont toujours à la principale par leur peu d’étendue. On peut avoir recours au corps des couleurs pour introduire des masses brunes dans les masses claires qu’elles feront briller par opposition, comme ferait celle d’un nègre auprès d’une chair tendre et délicate, de toutes sortes de draperies dont les couleurs brunes subsistent exposées à la lumière. Les animaux, les fleurs et les fruits fournissent beaucoup de couleurs claires ou brunes qu’il ne faut que savoir arranger avec art pour en tirer l’effet attendu. On fait encore usage avec succès des ombres accidentelles, c’est-à-dire dont la cause est hors du tableau, pourvu qu’elles soient vraisemblables, comme dans le paysage où les nuées produisent naturellement ces effets qui servent à faire fuir les divers terrains. Mais il faut éviter ces prétendus repoussoirs amenés par force et sans vérité, ne point sacrifier aux ombres les plus noires les trois quarts d’un tableau pour faire briller l’autre, et sur toutes choses ne jamais altérer la vérité des couleurs locales, sous quelque prétexte