Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/154

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ses caresses avec plus de soumission ; l’on observe dans son visage une joie respectueuse qui exprime le contentement intérieur de l’honneur qu’il reçoit. Sa tête a beaucoup de force et est bien arrondie ; mais sa jambe et son pied droit paraissent un peu grands et posés de manière que l’un et l’autre souffrent violemment et blessent la cuisse de Sainte Élisabeth aussi bien que notre vue.

Il faut avouer que ce sage et judicieux peintre s’est surpassé toujours lui-même dans la partie spirituelle de son art, qui semble faire parler les figures et leur faire dire tout ce que le sujet peut demander ; l’œil le comprend sans le secours des paroles vivantes, et l’on doit rapporter ce merveilleux effet à la justesse et à la simplicité des expressions du Maître, qui, certes, avec grande justice, a porté le nom de l’ange Raphaël (qui signifie médecine de Dieu), puisqu’il a ouvert nos yeux et guéri nos esprits de la maladie de cette manière gothique et barbare, qui, jusqu’à lui, avait régné plus de mille ans, depuis que les beaux-arts s’étaient trouvés ensevelis sous les ruines de l’Empire Romain.

Il aurait été à souhaiter que Raphaël eût peint ce rare tableau de sa propre main, au lieu d’emprunter pour cela, comme il l’a fait, celle de Jules Romain. Il aurait sans doute pris garde de plus près à la situation de la figure du petit Christ qui est absolument hors de sa place : son corps