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vants, injustes et peu honnêtes, puisqu’il n’en fut jamais un seul sans défauts.

Mais après tout, quel fruit prétendent ces personnes-là de leur peu d’équité ? ils ont la satisfaction de se plaire à eux-mêmes, et a pas une personne éclairée qui a la justice pour sa règle.

L’utilité que j’espère tirer de cette réflexion est de faire voir par ce discours aux étudiants que, s’il n’y a point d’habile homme qui déchire les ouvrages des savants peintres, et ceux qui le font ne sont ni habiles ni sincères, il est bien moins séant à eux qui ne sont ni habiles encore, ni en rang par conséquent de critiquer, mais seulement d’étudier, de faire les juges plus que les autres, comme ils font tous les jours des plus beaux ouvrages, et de se partialiser de façon à condamner avec aveuglement tout ce qui n’est pas dans leur sens.

Le mal qu’il leur en arrive est d’une conséquence bien plus considérable qu’ils ne s’imaginent, parce que s’ils méprisent un tableau du Titien, par exemple, pour y avoir quelques fautes de correction, ils ne profiteront pas des beautés admirables qui s’y rencontrent d’ailleurs ; de même que si, en voyant un tableau de Raphaël, ceux qui n’ont de goût que pour la couleur ne lui rendaient pas l’estime qui lui est due, parce qu’il n’est point du Titien.

J’entends, en nommant ces deux grands génies différents de la peinture, comprendre les ouvrages