Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/85

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29. Si donc c’est elle qui vous distingue des autres et vous donne la qualité de peintre, pourriez-vous la négliger sans vous négliger vous-même, et diminuer son mérite sans diminuer le vôtre ?

Il ne reste plus présentement qu’à vous faire voir que la couleur a mérité les louanges de l’antiquité et qu’elle mérite celles de notre siècle.

31. III. Tous ceux qui ont lu quelque chose de ce qui a été écrit en faveur des beaux-arts du temps qu’ils étaient en vigueur dans la Grèce ont pu remarquer que Zeuxis a remporté autant de louange à cause de l’intelligence qu’il avait des couleurs qu’Apelle pour la justesse de ses contours. Si donc l’on a balancé leur mérite dans un temps où le dessin était au-dessus de l’état où il se trouve aujourd’hui, et où la couleur l’aurait cédé à celle de notre temps, et si nous comparons ces deux parties, le dessin et la couleur, dans l’état présent où elles se trouvent, dont la première n’est pas même tant déchue que celle-ci s’est augmentée de force et de beauté par l’invention de l’huile, pourquoi lui voulons-nous dénier l’estime qui est due à cette partie ? Nos yeux sont-ils plus fins dans le temps où nous vivons qu’ils ne l’étaient en celui-là ? Avons-nous de nouvelles connaissances dans les arts qui aient été cachées au siècle d’Alexandre et qui nous donnent le droit de faire le procès à la couleur, laquelle a mérité l’estime des plus grands génies de l’anti-