Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/86

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quité ? Oui, Messieurs, puisque nous faisons le procès à la couleur, nous le faisons non seulement à Zeuxis, mais même au Titien, l’un et l’autre favoris de leurs princes, comme ils l’ont été de la peinture. Nous le faisons au Giorgione, à Tintoret, à Véronèse et à tous les Lombards, à Rubens et à toute son école. Et tout le crime de ces grands hommes est d’avoir été sensibles au charme de la couleur. Si cela est, Messieurs, je doute qu’il y ait quelqu’un dans la Compagnie qui ne se sente coupable du même crime lorsqu’il regarde et qu’il considère attentivement ces miracles de l’art, ces ouvrages admirables, où ils n’ont rien épargné pour le faire paraître avec tous ses charmes. Ainsi, Messieurs, puisque nous nous laissons toucher insensiblement aux attraits de la couleur, et que vous seriez coupables vous-mêmes si vous accusiez ces grands hommes dont les ouvrages vous enchantent et vous font oublier ce qui y manque d’ailleurs, conservez cette belle enchanteresse, travaillez pour acquérir cette belle partie qui vous fait peintres, et qui vous donne une qualité pour laquelle tous les gens d’esprit ont de l’estime et de la vénération.

32. Et partant, Messieurs, la couleur étant une partie essentielle de notre art, laquelle contribue plus que les autres à conduire le peintre au but et à la perfection de son ouvrage, et qui le distingue