Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/103

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stance, le nom de léliards[1], comme gens inféodés aux fleurs de lis de l’écusson de France. On comprendra facilement, par ce qui va suivre, pourquoi ils favorisaient les conquérants du pays.

Depuis quelques années, les tournois dispendieux, les guerres intestines et les croisades lointaines avaient appauvri la plupart des nobles. Contraints, par les énormes dépenses, de vendre à leurs vassaux, moyennant de fortes sommes, leurs droits sur les villes et leurs seigneuries, ils leur reconnurent un grand nombre de libertés et de priviléges. Les villes s’appauvrirent momentanément ; mais, bientôt, les franchises qu’elles avaient achetées portèrent les plus beaux fruits. Le bas peuple, qui jadis appartenait corps et biens à la noblesse, comprit, dès lors, que la sueur ne coulait plus de son front au profit de maîtres injustes : il se choisit des bourgmestres et des conseillers, et forma un gouvernement, dont les suzerains du pays n’avaient plus à s’occuper le moins du monde. Les corps de métiers travaillèrent en commun au bien-être général et mirent à leur tête des doyens chargés de l’administration de leurs intérêts.

Attirés par une cordiale hospitalité, les étrangers

  1. Les seigneurs du parti de la France et leurs adhérents avaient reçu le nom de leliaerts, du mot flamand lelie (lis). D’autre part, le peuple et la bourgeoisie, qui constituaient le parti national, se désignaient eux-mêmes par le nom de klauwaerts, du mot flamand klauwen, griffes, allusion aux griffes menaçantes du lion des armes de Flandre.