Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/120

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nom noble. Et, en vérité, messire Adolphe, je suis obligé d’en convenir, ils n’ont pas tout à fait tort ; vous savez que la plupart des nobles se liguent avec nos ennemis et veulent anéantir les droits de la commune.

— Cela ne changera rien à mon projet, soyez-en certain, maître Rogaert. La ville de Bruges doit de nombreux priviléges à l’entremise de mon père, et le doyen des tisserands, non plus que ses collègues, ne l’ont oublié. D’ailleurs, si mes efforts ne réussissaient pas, nous chercherions un autre moyen de faire transporter la comtesse dans le pays de Juliers.

Ils s’entretenaient sur ce sujet depuis une demi-heure environ, lorsque maître de Coninck, doyen des tisserands, entra dans l’appartement. Il portait une sorte de tunique de laine brune qui tombait jusqu’à ses pieds ; ce vêtement, sans ornement ni broderies, différait singulièrement du riche et élégant costume des nobles. Il était évident, à tous les yeux, que le doyen des tisserands avait banni de sa mise toute recherche, afin de mettre en relief, par là, l’humilité de sa condition et opposer ainsi orgueil contre orgueil, puisque cette simple tunique de laine couvrait l’homme le plus puissant de toute la Flandre. Un chaperon plat couvrait sa tête, et ses longs cheveux s’en échappaient et couvraient ses oreilles. Une ceinture rassemblait autour de ses reins les larges plis de sa tunique, et la garde, en forme de croix, d’un poignard brillait, d’un éclat sombre à son côté. Ainsi que nous