Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/123

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— Vous voulez parler de la comtesse Mathilde, la fille de monseigneur de Béthune, dit de Coninck en l’interrompant.

— Comment le savez-vous ? demanda Adolphe stupéfait.

— J’en sais davantage encore, messire. Vous n’avez pu introduire la princesse Mathilde dans votre demeure si secrètement que de Coninck ne l’ait appris, et elle ne l’aurait pas quittée sans que j’en eusse connaissance.

Adolphe fit un mouvement.

— Soyez sans inquiétude, reprit maître de Coninck ; je puis garantir à votre seigneurie que peu de personnes, à Bruges, partagent ce secret avec moi.

— Vous êtes un homme extraordinaire, maître ; votre générosité m’assure qu’en cas de nécessité vous protégeriez la fille du Lion de Flandre contre les violences de l’étranger.

De Coninck était issu des rangs du peuple ; mais c’était une de ces âmes privilégiées, que Dieu envoie au monde avec la mission de dominer leurs contemporains. Dès que les années eurent mûri son intelligence et ses puissantes facultés, il secoua le servile assoupissement où s’endormaient ses frères. Il leur fit comprendre la puissance des conjurations et se souleva avec eux contre les oppresseurs de son pays. Ceux-ci voulurent s’opposer, par la violence, au réveil de leurs anciens esclaves, mais ils n’y réussirent pas. De Coninck, par son éloquence, avait si bien agrandi