Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/126

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— Non pas, mais je voudrais qu’elle ne se montrât pas dans la rue sans que j’en fusse prévenu, et aussi qu’elle ne refusât pas de sortir si je le jugeais nécessaire. D’ailleurs, messire, vous resterez libre de m’ôter le pouvoir que je réclame, dès le moment où vous douteriez de la loyauté de mes sentiments.

De Coninck passait, en Flandre, pour un homme des plus sages et des plus habiles ; Adolphe pensa donc que sa demande était dictée par la prudence, et acquiesça à cette demande, sous la condition expresse que le doyen répondrait personnellement de la jeune fille. De Coninck, alors, ayant déclaré qu’il n’avait jamais vu la comtesse Mathilde, celle-ci fut introduite dans l’appartement par Maria.

À sa vue de Coninck s’inclina profondément ; la jeune fille, un peu interdite, considérait avec surprise cet homme qui lui était inconnu ! Au moment même où le doyen se prosternait ainsi devant la comtesse, un grand bruit se fit entendre soudain dans le vestibule ; on eût dit deux personnes qui se querellaient.

— Attendez donc ! criait l’une d’elles, attendez que j’aille demander si vous pouvez entrer !

— Comment ? s’écriait l’autre voix avec plus de force, tu veux laisser les bouchers à la porte quand les tisserands sont entrés ? Fais-moi place bien vite ou tu t’en repentiras !

La porte s’ouvrit et un jeune homme aux formes athlétiques et d’une physionomie ouverte et agréable entra dans la chambre. Il était vêtu d’un pourpoint