Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

permis de tirer vengeance du mal fait à la maison de Flandre, oh ! si cela m’était permis ! Mais le doyen des tisserands retient toujours mon bras ; peut-être a-t-il raison, et ce qui est différé n’est pas perdu ; cependant la douceur est une vertu difficile à pratiquer. Et tenez, noble demoiselle ! demain cette fausse et perverse reine de Navarre entre dans Bruges, eh bien ! fasse Dieu que le cours de mes idées change, car sans cela elle ne reverra jamais son pays !

— Maître, dit Mathilde, voulez-vous me faire une promesse ?

— Moi, vous faire une promesse, madame ? Moi !… Ah ! mais avec quelle bienveillance vous parlez à votre indigne serviteur. Parlez, noble comtesse, et toute parole de votre bouche sera pour moi un ordre sacré !

— Eh bien, je désire que demain vous ne troubliez pas la tranquillité de la ville pendant le séjour qu’y feront vos nouveaux princes.

— J’y consens, répondit Breydel avec tristesse, bien que j’eusse préféré vous entendre réclamer l’aide de mon bras et de mon couteau. Mais ce qui ne se fait pas aujourd’hui, peut se faire un autre jour.

Il ploya de nouveau le genou devant Mathilde et reprit :

— Je vous en prie, je vous en supplie, noble fille

    voisinage duquel se trouvait la demeure du collecteur des impôts, a gardé jusqu’aujourd’hui le nom de Snaggaerts-brugge (pont des bourrus).