Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/151

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ver, il me semble que vous avez peu souci de me plaire. Ne vous ai-je pas invité à venir à dix heures ?

— Il est vrai, madame ; mais le roi, mon maître, m’a bien contre mon gré retenu près de lui. Croyez, je vous en prie, mon auguste nièce, croyez que j’étais sur des charbons ardents en me sentant retenu loin de vous, et empêché de me rendre à votre royal désir

— Votre affection dévouée m’est connue, messire ; aussi mes reproches n’ont-ils rien de sérieux, et la preuve, c’est que j’ai résolu de récompenser aujourd’hui même vos bons et loyaux services.

— Gracieuse reine, répondit le comte, vous servir est la seule faveur que j’ambitionne. Que d’autres recherchent les richesses, les emplois, les honneurs ! Moi, je ne demande à Votre Majesté que le bonheur de votre seule présence…

La reine sourit à ces mots, mais elle jeta un regard dédaigneux sur le vil courtisan, dont elle connaissait les vrais sentiments. Elle reprit d’un ton expressif :

— Et si je vous priais d’accepter un fief ? Le pays de Flandre.

Châtillon, qui n’avait pas compté, pour le moment, sur un si magnifique cadeau, regretta vivement les paroles qui venaient de lui échapper ; toutefois, il se remit promptement et répondit :

— S’il plaisait à Votre Majesté de m’honorer d’une