Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/154

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pouvoir en même temps satisfaire ses mauvais instincts et les désirs de sa nièce.

Il répondit donc avec une joie visible :

— J’accepte avec reconnaissance l’honneur que me fait Votre Majesté, et je ne négligerai rien pour suivre, en fidèle serviteur, les conseils de ma souveraine. N’aurait-elle pas encore quelques ordres à me donner ?

Cette question avait trait à Mathilde. Châtillon savait que la jeune comtesse avait attiré sur elle la colère de la reine ; et cela l’autorisait à croire qu’elle ne la laisserait pas impunie. Jeanne répondit :

— Je crois encore qu’il serait bon de faire conduire en France la fille de monseigneur de Béthune ; elle me paraît avoir sucé avec le lait l’entêtement flamand. Sa présence me serait agréable à la cour. Mais, assez sur ce sujet. — Vous comprenez mes intentions… Demain, je quitte ce pays ; Raoul de Nesle nous accompagnera. Vous, vous resterez ici, comte. Je vous nomme gouverneur de Flandre, et vous donne pleins pouvoirs. Vous administrerez le pays comme vous le jugerez convenable, et vous le maintiendrez en état de fidélité[1].

— Ou, pour mieux dire, selon le bon vouloir de ma royale nièce, dit le sire de Châtillon d’une voix adulatrice.

  1. Le roi a nommé gouverneur général du pays de Flandre, Jacques de Châtillon, frère de Guy de Saint-Pol, tous deux oncles de la reine. (Annales de Bruges.)