Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/156

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séquent, ils devaient être acquittés sur le trésor de la commune, les bourgeois ne s’en étaient pas préoccupés, et ils regardaient tout ce luxe avec une complète indifférence.

Les principales décorations et la plupart des ornements disparurent rapidement, et les traces de la fête furent bientôt effacées. Le comte de Châtillon était à Courtray, et l’entrée du prince étranger était presque oubliée, lorsqu’un matin, vers dix heures, un messager de l’hôtel de ville parut sur le perron[1] et convoqua le peuple au son de la trompette ; aussitôt qu’il se vit entouré d’un nombre suffisant d’auditeurs, il tira un parchemin du porte-feuille suspendu à son côté, et lut à haute voix ce qui suit :

« Il est donné connaissance à chacun, afin qu’il n’en ignore, que messieurs les magistrats ont décidé en conseil :

» 1° Qu’un impôt extraordinaire sera établi pour couvrir les frais de l’entrée de notre gracieux souverain, Philippe roi de France ;

» 2° Que tout habitant de la ville de Bruges aura à payer, en conséquence, huit gros flamands[2], sans distinction d’âge et par tête ;

» 3° Que les collecteurs des impôts iront recevoir

  1. Perron, situé devant l’hôtel de ville ou le tribunal, et d’où l’on parlait au peuple (rostra.)
  2. La livre flamande valait vingt schellings, le schelling six stuivers (55 centimes), et le gros deux liards (5 centimes.)