Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/162

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pourra établir de nouveaux impôts sur le peuple, sans que celui-ci y consente. Nous payons cette franchise assez cher pour que personne, si haut qu’il soit placé, n’y puisse porter atteinte ; celui qui ne voit pas loin dans l’avenir, peut trouver que huit gros, une fois payés, ne sont pas une grande somme. J’en conviens tout le premier, aussi ce ne sont pas ces huit gros qui me poussent à la résistance, mais ce sont nos priviléges que l’on veut abolir, seuls boucliers qui nous protégent contre la domination des léliards ! Non, nous soumettre, serait à la fois une imprudence et une lâcheté ; car sachez-le, frères, la liberté est un arbre qui dépérit et qui meurt, si l’on brise une seule de ses branches. Si vous permettez aux léliards d’élaguer cet arbre, ils vous ôteront bientôt la force de défendre son tronc desséché. Ainsi plus de vaines paroles, que quiconque a un cœur d’homme dans la poitrine, refuse de payer les huit gros ! Que quiconque sent couler dans ses veines le vrai sang des Klauwaerts lève le goedendag pour sauver les droits du peuple ! Et, d’ailleurs, frères, un vote va décider sur ma proposition ; c’est un conseil et non un ordre que je prétends vous donner.

Le tisserand qui avait déjà parlé, reprit :

— Votre conseil est un conseil pernicieux, doyen. Vous aimez les émeutes et l’effusion du sang ; et il vous plaît que votre nom serve de ralliement au milieu des insurrections. Répondez-moi, vous tous maîtres