Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/163

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à qui je m’adresse, ne serait-il pas beaucoup plus sage de supporter, en fidèles sujets, la domination de la France et d’étendre par là notre commerce dans ce grand pays ? Oui, je l’affirme, la suzeraineté de Philippe le Bel accroîtra notre prospérité, et tout citoyen bien pensant doit regarder cette suzeraineté comme un bonheur pour le pays. Nos magistrats sont des hommes sages et dignes de notre estime.

La plus grande stupéfaction s’empara des tisserands en entendant ces lâches paroles. Et beaucoup d’entre eux lancèrent des regards de colère et de mépris à celui qui venait de les prononcer. De Coninck entra dans une véritable fureur.

— Comment ! s’écria-t-il, s’adressant directement à Brakels, tout amour de la liberté et de la patrie est-il donc éteint dans ton cœur ? Tu veux, cédant à la honteuse soif de l’or, que nous baisions la main qui rive nos fers ? Et la postérité dira que les Brugeois ont courbé le front devant l’étranger et sont devenus esclaves de leur plein gré ! Non, frères, vous ne le souffrirez pas ; vous ne souillerez pas votre nom de cette infamie ! Laissez les léliards, bâtards efféminés, vendre leur liberté à l’étranger pour un peu d’or et une honteuse tranquillité ; mais nous, restons purs de cette tache et de ce déshonneur ! Que le sang des fils de la libre ville de Bruges coule une fois de plus pour la défense de ses droits ! Notre étendard rouge en brillera davantage et les droits du peuple en seront d’autant plus saintement consacrés !