Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/165

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moignait ni crainte ni émotion. Il comptait sur ceux qui avaient approuvé ses premières paroles, mais il se trompait grandement dans son calcul ; car le nom de léliard, qui était considéré par tous comme une marque infamante, ne lui avait pas laissé un seul partisan. Toutes les voix se prononcèrent pour l’exclusion, et l’arrêt fut salué par des acclamations unanimes.

Alors la rage du léliard éclata : il se répandit en injures et en menaces contre de Coninck. Mais le doyen demeura sur son siége, insensible aux outrages et aux provocations de son adversaire. Deux robustes compagnons, qui remplissaient les fonctions de portiers s’approchèrent de Brakels, et lui enjoignirent de quitter sur-le-champ le Pand. Il céda à la force, et courut, le cœur plein du désir de se venger, chez Jean de Gistel, principal collecteur des impôts, auquel il fit connaître la rébellion du doyen des tisserands.

Pierre de Coninck s’entretint longtemps encore avec ses compagnons, et ne cessa de les exhorter à la défense de leurs droits ; toutefois il exprima le désir qu’ils ne se missent pas en révolte ouverte, mais se contentassent de refuser les huit gros, jusqu’à ce que lui-même les appelât à prendre les armes.

L’assemblée se sépara enfin, et chacun prit le chemin de sa demeure. Pierre de Coninck s’en alla seul et tout songeur par la rue du Vieux-Sac ; il se rendait chez son ami Breydel. Au moment où il allait entrer