Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/166

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dans la rue des Bouchers, il se vit tout à coup entouré par une dizaine d’hommes d’armes. Le bailli s’approcha de lui et lui ordonna de le suivre sans résistance[1]. On lui lia les mains comme à un malfaiteur, et il fut bafoué et insulté par les soldats qui l’emmenaient. Il supporta tout avec patience et ne fit pas entendre le moindre murmure. Il se laissa conduire à travers quatre ou cinq rues, au milieu des hallebardes, et ne parut donner aucune attention aux cris de surprise qu’excitait sa vue parmi les gens du peuple. Enfin il fut introduit dans la salle principale du premier étage du Princenhof[2].

Là se trouvaient réunis les principaux léliards avec les magistrats de la ville. Jean de Gistel, collecteur principal des impôts, occupait la place d’honneur. C’était le plus chaud émissaire de la France dans le pays de Flandre. Aussi dès qu’il vit de Coninck devant lui, il lui dit d’une voix irritée :

— Comment as-tu osé méconnaître l’autorité des magistrats ? C’est toi, doyen des tisserands, qui pousses les bourgeois à la révolte, et le temps ne sera pas long avant que tu fasses connaissance avec l’échafaud.

  1. Un des meneurs de cette émeute était. Pierre de Coninck, doyen des tisserands, homme d’environ trente ans et qui n’avait qu’un œil, mais qui était très-éloquent et avait une grande raison ; le bailli et les magistrats ayant appris cela le firent arrêter sur-le-champ. (Chronique de Despars.)
  2. Voyez l’une des notes précédentes sur le château des princes.