Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/170

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proviste et désarmés. Le comte de Châtillon devait, à la même heure, se trouver aux portes de la ville avec cinq cents cavaliers. De Coninck seul aurait pu découvrir ce complot, quelque bien gardé que fût le secret : il avait pour cela des moyens cachés, dont les partisans des Français avaient vainement cherché les ressorts. Ils savaient le doyen des tisserands leur maître en ruse et en finesse, et l’avaient arrêté pour enlever au peuple ce sage et prudent protecteur, et affaiblir par là ce peuple qu’ils voulaient opprimer. Ce que Brakels leur avait rapporté de l’opposition des tisserands leur avait servi de prétexte ; mais déjà, auparavant, leur résolution était prise.

Après avoir ainsi concerté leurs mesures pour introduire dans la ville les soldats amenés par le gouverneur, les léliards étaient sur le point de se séparer, lorsque, tout à coup, la salle s’ouvrit brusquement, et un homme se fraya violemment passage, renversant les hommes préposés à la garde de l’entrée. Il s’avança d’un pas ferme et résolu vers les magistrats, et s’écria :

— Les métiers de Bruges demandent si vous voulez, oui ou non, relâcher le doyen des tisserands ! Décidez-vous vite, je vous le conseille !

— Maître Breydel, répondit de Gistel, il ne vous est pas permis de franchir le seuil de cette salle. Retirez-vous sur-le-champ !

— Je vous demande, répéta Jean Breydel en éle-