Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/175

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Bientôt tout le Princenhof fut envahi par les bourgeois. Breydel appela quelques forgerons, et ceux-ci forcèrent les portes des prisons. À leur grande tristesse, ils les trouvèrent toutes vides, et jurèrent, avec une rage plus grande encore, qu’ils vengeraient la mort de de Coninck.

Mais, lorsque les tisserands apprirent que toutes les recherches pour retrouver leur doyen qu’ils aimaient avaient été vaines, il fut impossible de les contenir davantage ; au lieu de poursuivre la perquisition, ils coururent aux demeures des principaux léliards, brisèrent et ravagèrent tout ce qu’elles renfermaient ; mais ils n’y trouvèrent aucun habitant : ceux-ci avaient prévu la visite.

En ce moment, Breydel, le désespoir et la soif de la vengeance dans l’âme, allait quitter le Princenhof, lorsqu’un vieux foulon à cheveux blancs s’approcha de lui et lui dit :

— Maître Breydel, vous cherchez, mais vous ne cherchez pas bien ; il y a encore une prison de l’autre côté du bâtiment, un profond cachot où, du temps de la grande moerlemye, j’ai passé une année de ma vie[1]. Suivez-moi donc ; nous y trouverons peut-être celui que vous cherchez.

  1. Mais à peine le comte fut-il reparti (1282) qu’il y eut une nouvelle émeute qu’on appela la grande moerlemye. On courut aux armes et l’on mit à mort Dieryck Franckeson qu’on disait être cause de la colère du comte. (Annales de Bruges.)