Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/203

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vous voir le fond de mon cœur, et en connaître l’amour que je porte à mon maître et à sa famille ! Je vous le jure, le plus beau moment de ma vie serait celui où je pourrais verser pour eux jusqu’à la dernière goutte de mon sang.

Le moine connaissait assez le cœur humain pour être assuré que les paroles du jeune chevalier étaient sincères. Après avoir réfléchi quelques instants, il reprit :

— Si je vous donnais l’occasion d’accomplir le serment que vous venez de faire, ne reculeriez-vous pas et braveriez-vous, comme un homme, tous les dangers.

— Je vous en prie, mon père, s’écria Adolphe d’un ton suppliant, ne doutez ni de ma fidélité ni de mon courage ; parlez vite, car votre silence me fait peine.

— Écoutez-moi avec calme : je dois une très-grande reconnaissance à la maison de Guy de Flandre pour des bienfaits reçus ; le sentiment de gratitude et d’amour que j’ai toujours nourri pour mon gracieux souverain m’a décidé à secourir ses infortunes. J’ai quitté mon couvent, en apprenant ses malheurs, et je me suis rendu en France. Là, à force de prières et d’argent, et grâce à mon habit de prêtre, j’ai pu voir tous les nobles prisonniers ; j’ai porté au père les paroles de ses fils, et aux fils les bénédictions de leur père : dans les cachots du Louvre j’ai pleuré et gémi avec Philippine. Ainsi, j’ai adouci leurs peines et rapproché pour un instant la distance qui les sé-