Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/211

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explications qu’elle demandait ; mais son noble cœur se refusait à divulguer ses propres mérites. Il répondit tristement :

— Je vous en supplie, gracieuse demoiselle, ne vous offensez point de mon silence. Soyez sûre que vous verrez monseigneur votre père et qu’il embrassera sa chère fille sur le sol de sa patrie ; il ne m’est pas permis de vous en dire davantage.

La jeune comtesse ne se tint pas pour satisfaite ; deux sentiments la poussaient à pénétrer ce mystère : la curiosité féminine et le doute qui lui restait encore.

— Messire Adolphe, Ô dites-moi ce que vous voulez me cacher ! Ne me croyez pas assez étourdie pour le révéler à mes dépens.

— Mademoiselle, je ne sais, je ne puis pas.

— Je vous en supplie, dites-le moi, sinon vous me ravissez la joie que je devais goûter.

— Veuillez m’excuser, comtesse, je ne puis pas le dire.

Les paroles du chevalier ne firent qu’augmenter la curiosité de Mathilde ; l’impatience la gagna petit à petit, et quand elle eut essayé toutes les supplications, elle se mit à pleurer de dépit, comme une enfant. En voyant couler ses larmes, le jeune homme résolut de tout lui dire, quoiqu’il lui en coûtât. Mathilde, lisant sa victoire sur son visage, s’approcha de lui avec un joyeux empressement.

— Sachez donc, Mathilde, dit-il, de quelle façon