Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/215

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tour de Bourges, et raconta à la jeune fille tout ce qu’il savait lui-même. Il répondit à ses moindres questions avec une grande obligeance, et la consola par ses prédictions favorables.

Adolphe était sorti pour annoncer son départ à sa sœur Marie, et faire préparer son cheval et ses armes. Il avait également appris son voyage à un fidèle serviteur pour qu’il en donnât connaissance à de Coninck et à Breydel, et leur recommandât de veiller sur la jeune comtesse ; précaution inutile d’ailleurs, puisque Didier Devos avait porté des ordres secrets au doyen des tisserands.

Aussitôt qu’Adolphe rentra dans la salle, Didier se leva en disant :

— Messire de Nieuwland, je ne puis rester ici plus longtemps. En outre, je vous demande un peu de patience pour me permettre de donner à votre visage l’âge nécessaire. Ne craignez point que je vous défigure, et laissez-moi faire.

Le chevalier se plaça sur un fauteuil devant Didier et pencha la tête en arrière. Mathilde, qui ne pouvait s’imaginer ce que cela signifiait, se tenait près d’eux en ouvrant de grands yeux ; elle suivait curieusement du regard le doigt de Didier qui traçait une foule de signes noirs et de taches grises sur le visage d’Adolphe. À chaque nouveau trait, l’étonnement de la jeune fille allait croissant ; car la physionomie du chevalier changeait à vue d’œil, et avait quelque chose qui lui rappelait les traits de son père.