Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps les poternes latérales s’ouvrirent, les chiens, les valets, et tout le train de chasse se précipita dans la campagne ; un magnifique cortége les suivit lentement, composé des seigneurs et des nobles dames que nous allons énumérer.

En tête s’avançait, sur un destrier brun, le vénérable Guy de Dampierre[1], comte de Flandre. Sa physionomie portait l’empreinte d’une douce résignation et d’une calme tristesse ; sa tête se penchait, courbée sous le poids de ses quatre-vingts ans, ses joues étaient sillonnées de rides profondes. Un justaucorps de pourpre tombait de ses épaules jusque sur la selle, et ses cheveux, d’une blancheur éclatante, étaient retenus par une coiffure de soie jaune ; cette coiffure ressemblait, sur son front, à un ruban d’or, ceignant une quenouille chargée de fils d’argent. Il portait sur la poitrine, au centre d’un écusson en forme de cœur, le lion de Flandre, de sable en champ d’or.

La vieillesse de ce prince était triste, il penchait vers la tombe un front dépouillé de sa couronne, alors qu’un doux repos eût dû récompenser sa longue et laborieuse carrière. Le sort des armes avait brisé l’héritage de ses enfants, et la misère les attendait, eux qui devaient être les princes les plus

  1. Guy de Dampierre, fils du vieux Guillaume de Dampierre, fut le XXIIIe comte de Flandre. (L’Excellente Chronique de Flandre.)