Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/238

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— Oh ! pas grand chose ! ce matin, on m’a éveillé de très-bonne heure pour recevoir un serviteur de messire de Nieuwland. J’ai appris par lui que la noble Mathilde a été enlevée la nuit, et que le traître Brakels leur a servi de guide.

— Brakels, cria Breydel, encore un de plus pour ma hache. Il ne servira plus les Français.

— Où l’on a conduit la comtesse, je l’ignore ; seulement il se pourrait que ce fût au château de Male, car le domestique a entendu deux fois prononcer ce nom par les soldats. Vous voyez bien, Breydel, qu’il vaudrait mieux attendre de meilleurs renseignements que d’aller à l’ouvrage si étourdiment ; il est, pour ainsi dire, certain que la comtesse est déjà presque en France.

— Vous frappez à la porte d’un sourd, mon ami, dit Breydel ; je dis que rien ne peut changer ma résolution. Je veux sortir et je sortirai. Pardonnez-moi si je vous quitte à l’instant.

Il cacha la hache sous son pourpoint et marcha rapidement vers la porte ; mais de Coninck s’était placé devant lui, par un mouvement encore plus rapide, et lui barrait ainsi le passage.

Comme un tigre pris au piége, Breydel jeta des regards furtifs autour de la boutique, paraissant chercher une sortie. Son corps se pencha en avant, ses muscles se tendirent, comme s’il s’apprêtait à renverser celui qui mettait obstacle à sa fuite.

— Cessez ces efforts inutiles, lui dit de Coninck. Je