Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il y était déjà depuis quelque temps et sa fatigue commençait à diminuer, lorsque la porte s’ouvrit derrière lui. Avant qu’il eût eu le temps de se retourner pour voir qui entrait, il fut saisi et jeté par terre par quatre hommes vigoureux ; en un clin d’œil la maison fut pleine de Français armés. Longtemps Breydel s’épuisa contre eux en efforts inutiles ; enfin, haletant et sans force, il resta sans mouvement et jeta aux Français un de ces regards empoisonnés qui sont le présage de la mort. La plupart des soldats tremblaient à l’aspect du Flamand étendu par terre ; car, tandis que son corps était immobile, ses yeux flamboyants jetaient autour de lui des regards si menaçants et si terribles que la crainte oppressait le cœur des assaillants.

Un chevalier, qu’à son costume il était facile de reconnaître pour un chef, s’approcha de Breydel, et, après avoir donné l’ordre de lui rendre tout mouvement impossible, il dit au Flamand :

— Nous nous connaissons depuis longtemps, manant téméraire. C’est toi qui as tué le page de monseigneur de Châtillon dans la forêt de Wynendael et qui as osé nous menacer de ton couteau, nous, chevaliers… Et voilà que tu oses encore venir assassiner un de mes meilleurs hommes d’armes sur mes domaines ! Tu seras traité comme tu le mérites : aujourd’hui même on te dressera une potence sur les murs de Male, pour que tu serves d’exemple aux Brugeois mutins.