Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/256

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secouant les corps de ses ennemis, il entre-choqua leurs têtes branlantes avec une terrible violence. Paralysés par l’étranglement, ils n’essayèrent pas de résister ; leurs bras pendaient inertes le long de leur corps. Tout cela s’était passé en moins de temps qu’il ne nous en faut pour le raconter[1].

À la vue du danger de leurs camarades, les autres Français accoururent en jurant ; mais Breydel laissa tomber ses deux victimes et après s’être débarrassé de ses nouveaux ennemis, il s’enfuit à toutes jambes. Les soldats le poursuivirent jusqu’à un long fossé. Breydel, habitué à vivre dans les prairies, sauta comme un cerf sur l’autre bord et continua sa course vers Sainte-Croix. Deux soldats, qui tentèrent aussi de sauter le fossé, y tombèrent jusqu’au cou et durent renoncer à toute poursuite.

Le doyen rentra à Bruges encore plein de fureur et alla droit à sa demeure ; il ne trouva qu’un jeune garçon qui se disposait à sortir.

— Où sont mes ouvriers ? cria Breydel avec impatience.

— Maître, répondit l’apprenti, ils sont au Pand, où les bouchers viennent d’être convoqués en toute hâte.

— Qu’y a-t-il de nouveau ?

  1. Je ne sais pas, maître ; mais l’huissier de la ville Le châtelain aidé de ses gens voulut en tirer vengeance, mais Breydel lui résista courageusement. (Annales de Bruges.)